Oh la boulette !!

Durée : 1 h 45 mn

L’action se passe chez le comte et la comtesse Koursensac. La fille Virginie, qualifiée de petite peste, fréquente un certain Loïc, simple ouvrier maçon, pour le plus grand désespoir des parents. Le majordome Pablo et la cuisinière Adélaïde, n’ont de commun, que le fait qu’ils n’aient pas été payés depuis trois mois. Youri Diculoff vient d’arriver et a été engagé comme vétérinaire personnel de madame la comtesse qui vient d’avoir en cadeau un superbe cheval, qui va malheureusement s’appeler Pablo. Ce qui va entraîner beaucoup de confusions. Pour récupérer leur argent, Pablo et Adélaïde, suivis par Youri, vont organiser l’enlèvement de la fille. Malheureusement, la fille enlevée n’est pas la fille du comte, mais une de ses copines. Une enquête est menée, tant bien que mal, par les inspecteurs Lecomble et Bertin. Tout aurait pu être terminé, si un deuxième enlèvement n’avait pas eu lieu. Le cheval a disparu, on demande une rançon de cent millions et une nouvelle enquête repart. L’inspecteur Lecomble aura beaucoup de mal à finir son enquête sans séquelles psychologiques. (texte disponible sur le Proscénium et la théâtrothèque)

                                                                        EXTRAIT :

ACTE 1

Scène 1

(Pablo, la comtesse, Adélaïde)

(Nous sommes en début d’après-midi. Quand le rideau s’ouvre, la fille, Virginie, est assise sur un canapé, les pieds sur la table, la cigarette au bec, mâchant un chewing-gum. Le walkman sur les oreilles, elle écoute de la musique reggae, tellement fort que le public entend. Au bout de quelques instants, la cuisinière entre pour chercher un sac, elle regarde Virginie avec dédain. Virginie lui tire la langue grossièrement. La cuisinière articule des mots que l’on n’entend pas et sort. Tout de suite après, le  majordome entre, le plumeau à la main. Lui aussi marmonne des mots que l’on n’entend pas. La fille qui l’a vue, prend son cendrier et le renverse sur un meuble sous les yeux d’Pablo qui s’énerve, de façon muette.

Virginie : (sans enlever son walkman) Eh dis-donc la folle du régiment, faudrait peut-être voir à bosser correctement, t’as pas vu ce que t’as laissé comme saletés sur la table. Faudrait peut-être pas croire que mes parents vont te payer à rien foutre ! (Pablo sort des insultes que l’on n’entend toujours pas. Il ramasse les saletés et sort, en colère) Quel tare ce mec, si encore on peut considérer que c’est un mec ! (La comtesse descend)

La comtesse : (cette réplique doit être seulement articulée mais pas parlée) Virginie, ton père t’a interdit de fumer, et ne mets pas les pieds sur la table ! Bon sang, mais comment peux-tu te comporter de cette façon, nous qui t’avons si bien élevée ! (Virginie qui ne l’a pas vue, ne l’entend pas) Tu vas finir par te (à ce moment, elle enlève le casque de la fille, et on entend parler la comtesse) rendre sourde avec cette musique de sauvages.

Virginie : (enlevant ses écouteurs) Ecoute maman !

La comtesse : Virginie, rappelle toi que ton père veut que tu nous vouvoies, ça toujours été comme ça chez les Koursensac !

Virginie : Mon père, mon père, quand j’entends ma mère qui parle, j’ai toujours l’impression que c’est mon père qui cause ! C’est agaçant !

La comtesse : Bon sang, quelle jeunesse ! (Virginie remet son casque, ce qui coupe la suite du dialogue de la comtesse) je ne sais pas ce que tu vas devenir, mais je te signale qu’avec ton père, nous allons prendre une grave décision à ton égard.

Virginie : Cause toujours, la maman, pour l’instant, je suis avec Bob Marley, (on pourra choisir un autre artiste et un autre genre de musique) avec lui au moins je suis heureuse ! (le comte descend)

Le comte : (articulé mais non parlé) Qu’est-ce qui se passe ma chère ? Je vous entends parler de là-haut !

La comtesse : (articulé mais non parlé) Notre fille, elle fume, elle écoute de la musique de sauvage, il ne manque plus qu’elle boive ! (le comte se dirige vers Virginie et la somme de rejoindre sa chambre)

Le comte : Tu vas me faire le plaisir de jeter cette cigarette et rejoindre ta chambre, sur le champ, nous règlerons certains détails le moment venu ! (Cette réplique est articulée et non parlée, mais Virginie pourra, une fois ou deux, enlever un écouteur pour écouter et le remettre. A ce moment, le comte devra parler simultanément. La fille sort)

Virginie : Bien ! Si sa seigneurie Monsieur le comte a parlé, c’est qu’il faut obéir. Mes respects, monsieur le comte ! (Elle sort)

La comtesse : (désœuvrée) Edmond, qu’est-ce nous allons devenir avec cet enfant ?

Le comte : La fréquentation de ce Loïc l’a complètement transformée. Je ne veux désormais plus le voir dans cette maison, déjà deux fois ce matin, il est venu me harceler. Si le mois prochain, il n’y a pas d’amélioration, nous enverrons notre fille à l’institut de Saint Sauveur !

La comtesse : Oh Edmond ! N’est-ce pas un peu trop sévère, j’ai entendu dire de drôles de choses sur cet institut et…

Le comte : (Montant l’escalier) Voyons ma chère, j’ai décidé, c’est tout !

La comtesse : Ah bon, si vous avez décidé, c’est que vous avez raison Edmond ! (Elle passe un doigt sur un meuble) Pablo ! Pablo ! (Pablo apparaît)

Pablo : Madame la comtesse m’a appelé ?

La comtesse : Dîtes-moi, nous vous payons pour quoi, voyez cette poussière !

Pablo : Oh, excusez-moi madame la comtesse, je vais réparer tout de suite cet oubli ! (il passe un coup de chiffon)

La comtesse : Bon sang, de nos, jours, les employés ne sont vraiment plus ce qu’ils étaient ! (La comtesse sort)

Pablo : Pourquoi on me paye ! C’est la meilleure de l’année…encore faudrait-il être payé ! (Adélaïde entre pour chercher un sac)

Adélaïde : (narguant) Allez Pablo, on s’active, on s’active ! (elle ressort)

Pablo : Qu’est-ce qu’elle m’énerve, mais qu’est-ce qu’elle m’énerve ! A part le fait que nous n’ayons pas été payés depuis trois mois, nous n’avons vraiment rien de commun. (Le téléphone sonne) Madame la comtesse, madame la comtesse…téléphone !

La Comtesse : (de l’escalier) Vous êtes payés pour quoi faire Pablo. Répondez et dîtes-moi qui c’est !

Pablo : (en aparté) C’est pas vrai, elle en remet une couche, elle en a de bonnes la comtesse ! (à la comtesse) Bien Madame la comtesse, je décroche ! (Il coince son plumeau sous son bras et décroche) Allo……ici le domaine du Comte de Koursensac ! (silence) mes respects madame Marfosi (silence) je vous passe la Comtesse…enfin je veux dire je vous passe madame la Comtesse ! Madame la Comtesse, c’est madame Marfosi, la femme du ministre !

La Comtesse : (arrivant en trombe) Ah, cette chère Cécile, passez-moi donc le téléphone et dépéchez-vous donc de terminer ce ménage ! (elle prend le téléphone) Allo ! (Silence) Bonjour très chère, comment allez-vous ma chère Cécile ? (Silence) Vous serez des nôtres demain soir, bien, je m’en vois très ravie, vraiment ravie, très chère ! (Pendant ce temps, Pablo fait des pitreries dans le dos de la comtesse mais tout en parlant, la comtesse montre à Pablo les endroits pleins de poussière) Mon mari va bien, je vous remercie, il est actuellement en train de se préparer pour sortir à sa chasse  journalière (silence) Oui oui, c’est cela, mais savez-vous ce qu’on m’a offert pour mon anniversaire ? (silence) Oui c’était la semaine dernière, et bien figurez-vous qu’on m’a offert un cheval, mais oui très chère, un cheval et il est merveilleux (silence) Je l’ai appelé Pablo (Pablo s’interroge) Oui je sais, c’est un drôle de nom pour un cheval mais qu’est-ce vous voulez, l’autre jour, dans la cour j’ai appelé mon domestique et c’est mon cheval qui est apparu, alors j’ai décidé de l’appeler Pablo, comme mon domestique. Vous verriez, il est absolument merveilleux, avec sa belle crinière (Pablo sourit, en imitant le cheval, en s’essuyant les mains avec son tablier) et vous verriez sa longue et belle queue (Pablo change de visage et laisse tomber son tablier en guise de cache sexe et se remet au travail) demain soir, venez donc un peu plus tôt, nous pourrions aller faire une promenade avec Pablo, ce serait merveilleux ! (Silence) Bien,  au revoir très chère et à demain soir et bonjour à Nicolas ! (elle raccroche et s’adresse à Pablo) Ecoutez mon vieux, j’aimerais franchement que vous changiez de prénom, ça me gêne assez que vous vous appeliez comme mon cheval !

Pablo : (en aparté) Et moi donc ! (à la comtesse) Excusez-moi madame la comtesse, mais je rappelle à Madame la comtesse, que mes parents m’ont donné ce prénom il y a exactement soixante (adapter l’âge à l’acteur) deux ans, quarante deux jours et (regardant sa montre) une heure trente !

La Comtesse : Et alors ?

Pablo : Ce serait plus logique que madame la comtesse change le nom de son cheval vu qu’elle l’a acheté il y a deux jours.

La Comtesse : D’abord, je ne l’ai pas acheté, on me l’a offert et puis, vous n’y pensez pas, il répond déjà très bien à ce nom, alors je ne le changerai pas. Trouvez-vous un autre prénom !

Adélaïde : (de la cuisine) alors Dada, ces poireaux, ça vient ! (La comtesse se met à rire)

La Comtesse : Dada, c’est parfait, ce sera très bien, et en plus ça me rappellera mon cheval ! (Elle sort vers la salle d’eau)

Pablo : (haussant les épaules) Dada, je vous en foutrai des dadas, moi ! (il se met à sortir des poireaux d’un panier. On sonne) Mademoiselle Adélaïde, mademoiselle Adélaïde !!

Adélaïde : (de la cuisine) Qu’est-ce qu’il y a ?

Pablo : On a sonné, mademoiselle Adélaïde, on a sonné !

Adélaïde : Et alors, Dada, tu peux pas aller ouvrir ?

Pablo : Non mais dîtes donc, je vous signale que Monsieur le Comte ne veut pas qu’on se tutoie, et je ne veux pas que vous m’appeliez Dada, (haussant les épaules) pfffc’est d’un goût, déjà que j’ai le même prénom que le cheval de la comtesse. Elle va finir par me faire hennir si ça continue !

Adélaïde : (de la cuisine) D’accord, monsieur Dada ! Mais je vous signale que j’attends toujours mes poireaux, allez au galop et que ça saute (rires) !

Pablo : Elle m’énerve, mais qu’est-ce qu’elle m’énerve ! Eh bien puisque c’est comme ça, moi je vais l’appeler Dédé, voilà ! (on sonne de nouveau) ça va, ça va, j’arrive ! (les poireaux à la main, il va vers le hall et ouvre la porte) Ah, encore vous ! (un jeune homme, apparemment excité, entre)

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